Le baby blues ... Un bien petit mot pour décrire des maux bien réels. Grand nombre de jeunes parents ressentent un profond malêtre suite à l'euphorie de la venue au monde de leur enfant. Quotidien difficile, désillusion... Sont autant d'éléments contribuant à alimenter un climat peu propice à la valorisarion de sa propre estime de soi.
Pour le définir en image, c'est comme si vous observiez votre reflet à travers un psyché déformant... Et qu'en dehors de vous, c'est votre rapport à votre bébé qui en est affecté.
Je tenais absolument faire un article sur le sujet car même si tous les parents ne sont pas concernés par la question j'estime que cela reste un sujet incontournable relié à la thématique de la maternité.
Ici, je souhaite simplement vous partager mon expérience, car je sais que ma curiosité m'a permis de me renseigner sur la question et qu'à l'époque j'ai été rassurée de voir que je n'étais pas un cas isolé et que cela peut faire partie du processus de construction de votre famille. Voici quelques anecdotes qui, je l'espère en aidera parmi vous en vous montrant peut être que vous n'êtes pas seul(e)s.
1/ La rencontre avec bébé :
Ce qui m'a le plus frappée à la naissance de ma fille -outre ce sentiment d'avoir été touchée par la grâce divine- c'est sûrement cette impression quelque peu bizarre de ne jamais avoir été réellement préparée à un tel chamboulement.
Si la rencontre mère/enfant est une chose merveilleuse, elle n'en reste pas moins synonyme d'invasion de mille doutes et questionnements existentiels sur ce fameux statut de mère qui parfois peut nous effrayer.
Je n'ai pas sentie tout de suite mon "baby blues" arriver. Plutôt euphorique dans les premiers temps, j'ai accueillie ma fille dans la plus grande joie. Les premiers signes ce sont manifestés par la réalisation de mon rôle manifeste dans la protection de ce petit être doté d'une évidente fragilité, qui pour moi fut une bien trop grande responsabilité à endosser d'un coup. La fatigue de deux journées / nuits de contractions oblige, mon homme n'a pas dormi à la maternité la première nuit suivant la naissance d'Elena. Ayant des obligations professionnelles, il devait donc rentrer se reposer à la maison pour pouvoir les assurer ensuite.
Cette première nuit fut très anxiogène pour moi.
Jusqu'alors habituée par les allers et venues des visites de nos proches et des personnels de la maternité, je ne m'étais pas préparée à rester seule avec ma fille aussi rapidement. C'était bien évidemment normal, mais je n'étais psychologiquement pas prête. Pendant la nuit, impressionnée puis désemparée par ses cris stridents et pleurs inconsolables, j'ai été prise de panique. J'ai appelé une des puéricultrices qui -aimable comme une porte de prison- est venue prendre la température de la petite. Elle m'a tout simplement fait comprendre qu'un bébé "ça pleure" et que tout ce que j'avais à faire c'était de la garder contre moi. À ce moment j'ai compris, que ce petit bout de chou dépendait de moi seule, et qu'il fallait que nous apprenions à nous apprivoiser mutuellement.
2/ Une remise en question totale :
La difficulté que j'ai rencontrée les jours suivants a été ma position sur cette petite planète, abritant autant de merveilles que de faits divers qui me glaçait le sang. En allumant la Tv, je me sentais submergée par les informations qui venaient à moi : "maltraitance domestique, infanticide, affaire de pédophilie..." Autant d'éléments qui alimentaient mes craintes et la pression que je me mettais toute seule; ici, mon processus d'auto-culpabilisation s'était enclenché.
"Comment ai-je pu mettre au monde un être aussi pur sachant que cette planète regorge de criminels, d'êtres infâmes et dégoûtants?"
"Vais-je être à la hauteur de cette mission de protection?"
"Est ce que je mérite ma fille?"
Autant de questions existentielles, qui me confondait l'esprit dans un tourment inhabituel... Moi qui, les mois précédents mon accouchement me languissait de tenir ma fille dans mes bras, je commençais à douter devant le fait accompli. Je doutais non pas de mes sentiments envers elle, mais de la solidité de mes épaules. Serai-je à la hauteur de cette tâche qui m'a été confiée?
3/ Une solitude rongeante :
Dans l'ensemble, mon séjour à la maternité a été agréable. Bien entourée, j'appréhendais beaucoup mon retour à la maison. Une fois rentrée, je me sentais bien tant que mon fiancé n'était pas au travail. Le problème, c'est qu'il travaillait beaucoup et moi, je faisais face à mes propres limites. Bébé pleurait beaucoup et ne trouvait le sommeil que dans mes bras... Les premières semaines étaient excessivement éprouvantes et bien moins idéales que ce que je m'étais imaginé en étant enceinte. Bien évidemment, j'aimais ma fille plus que tout et elle me procurait des instants de joie intenses, mais la jeune femme au caractère bien trempé que j'étais se confrontait à quelque chose d'inédit : pour la première fois, j'étais subjuguée.
Chaque jour me donnait l'impression de surpasser mes limites un peu plus, et ce petit être qui me réclamait me confrontait à un amour profond : j'étais son monde, elle devenait le mien.
Progressivement, de l'incompréhension de nos sentiments nous passions à la fusion. Le problème de cette fusion aussi animale que nécessaire c'est qu'elle a tendance a laisser pour compte celui sans qui rien de ce qui s'est produit n'aurait pu être : le papa. A force de solitude, je lui "reprochais" ses absences dues au travail. Le problème dans ce genre de schéma, c'est que l'on fait face à une sorte de transfert de culpabilité assez malsaine qui me servait à "vider mon sac". En l'occurrence, enfermée dans ce cercle vicieux je ne me rendais pas compte que je "nidifiais" en dehors de son champ d'action et que de ce fait, il lui était impossible d'avoir sa place de père.
Je lui reprochais ce que je ne lui laissais pas faire, de même que je me reprochais à moi même ce qui pouvait arriver dans un monde hypothétiquement hostile.
4/ Du bénéfice du lâcher-prise :
Les premières semaines sont assez éprouvantes tant sur le plan émotionnel que sur le plan physique. Le manque de sommeil, la raréfaction des moments de temps libre et d'activités extra-maternage contribuent à accentuer ce mal-être que beaucoup de femmes (et d'hommes également) peuvent ressentir. Celui-ci peut se manifester de plusieurs sortes selon les personnes, et j'ai essayé de vous décrire au mieux mon expérience.
Ce que j'ai pu retenir de tout cela, c'est que c'est le "lâcher-prise" qui m'a permis de sortir de de cercle vicieux.
Avoir un enfant c'est une chose vraiment formidable, il faut le vivre pour réaliser à quel point cette expérience incarne le Bonheur. Bien souvent, c'est lorsque l'on est confrontés à des choses positives que l'on réalise que nous manquons de savoir-faire quant à la façon d'accueillir ce Bien. En réalité, je crois que cette frustration de ne pas savoir comment s'y prendre alimente grandement le manque d'estime de soi et le problème, c'est que les hormones n'aident en rien la survenance d'un apaisement.
Ce que j'ai appris c'est que faire un enfant ça ne rapproche pas un couple de façon inné, parfois c'est bien tout le contraire. Cependant, l'amour existant à la base consolide la relation de couple à force de dialogues, et je ne saurais que trop conseiller aux personnes qui lisent cet article et qui se sentent concernées par cette question d'entamer des discussions à cœur ouvert avec vos proches : vos conjoint(e)s, vos familles et amis, la PMI la plus proche de chez vous... Trouvez une oreille attentive, rares sont ceux qui vous jugeront. Cela reste la meilleure façon de lâcher prise et d'accepter qu'en réalité, la parentalité est chose humaine, et comme chez tous les êtres humains , la perfection n'existe pas.
Avec le temps, toute la volonté du monde, et la considération de chacun, tout finit par rentrer dans l'ordre. C'est promis ;)
Voilà j'espère que cet article vous a plu, n'hésitez pas à nous partager votre expérience en commentaire ou sur la page facebook.
Bon week-end à vous !
Une maman ordinaire.